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Rapatriement de 250 œuvres dans les réserves

19 février 2024

En 2019, les réserves du Fonds d’art contemporain déménagent du site d’Ivry-sur-Seine vers de nouveaux locaux situés dans le Nord de Paris. Cependant, un peu plus d’un millier d’œuvres restent alors sur place, dans des conditions de conservation inadaptées. En 2022, le pôle Gestion scientifique du Fonds d’art contemporain met en place un chantier des collections avec pour objectif le rapatriement de ces œuvres vers les nouvelles réserves.

Retour des œuvres dans le cadre du chantier des collections

Retour des œuvres dans le cadre du chantier des collections

En quoi consiste un chantier des collections ?

Il s’agit d’une opération exceptionnelle permettant de traiter un ensemble d’œuvres conséquent qui peut avoir lieu dans différents contextes tels que le transfert de collections, la création de nouvelles réserves ou lors de la rénovation d’un musée.

Dans un premier temps, il est primordial de définir précisément le corpus d’œuvres afin d’évaluer les moyens humains, financiers et techniques nécessaires. Cela implique notamment une visite de chantier avec les intervenant·e·s afin d’identifier les contraintes liées au lieu, aux espaces de travail et d’évaluer le matériel de conservation qui sera nécessaire.

Dans le cas du chantier des collections en cours, ce sont donc environ 920 œuvres qui sont concernées ; il s’agit en majorité de peintures et d’arts graphiques (dessins et estampes) de l’époque moderne. Afin de mener à bien ce chantier, il a été décidé de l’effectuer en plusieurs tranches de 250 œuvres. A ce jour, deux tranches ont été réalisées, soit 500 œuvres traitées.

Le site d'Ivry-sur-Seine accueille également les réserves de la COARC (Conservation des Œuvres d'Art Religieuses et Civiles) ©Raphaëlle Romain
Les œuvres de la collection du Fonds d'art contemporain se trouvent en mezzanine ©Raphaëlle Romain

Comment se déroule un chantier des collections ?

La deuxième tranche de ce chantier a débuté en septembre 2023. A cette occasion, le Fonds d’art contemporain a fait appel à Raphaëlle Romain et Nathalie Vialaron, consultantes en conservation préventive et régisseuses d’œuvres d’art.

La chaîne de traitement du chantier d’Ivry-sur-Seine qui a été définie est la suivante :

  • L’identification et le tri des œuvres à traiter

  • Le dépoussiérage

  • La sécurisation des clefs de châssis et protection des verres

  • Le désencadrement si nécessaire

L’ensemble de ces opérations est suivi par une phase de récolement :

  • Un constat d’état détaillé de l’œuvre

  • Des prises de vues photographiques à usage documentaire

Ces éléments font ensuite l’objet d’une saisie pour chacune des œuvres dans la base de données informatisée de la collection.

Aperçu des espaces de travail ©Raphaëlle Romain
Les outils nécessaires au dépoussiérage : aspirateur de conservation et pinceaux ©Raphaëlle Romain
Dépoussiérage en cours... ©Raphaëlle Romain
Clefs de châssis sécurisées par des bandelettes de kraft gommé à base d'amidon ©Raphaëlle Romain
Ces visuels sont essentiels pour la documentation des œuvres ©Raphaëlle Romain

Enfin, le conditionnement nécessaire pour protéger les œuvres lors de leur transfert. Celui-ci est adapté selon l’état et la typologie de l’œuvre. Les œuvres sont donc emballées en papier de soie ; pour celles présentant certaines fragilités, des portfolios en polypropylène alvéolaire sont réalisés. Dans le cas d’une suspicion de biodégradation de l’œuvre, celle-ci est conditionnée avec du papier bulles afin d’éviter une éventuelle propagation.

Un conditionnement en papier de soie ainsi qu'un portfolio réalisé sur mesure ©Raphaëlle Romain
©Raphaëlle Romain

Ce travail s’est déroulé sur 15 jours, période durant laquelle les régisseuses d’œuvres d’art collaborent étroitement avec l’équipe de la Gestion scientifique du Fonds. Il est courant de faire face à des problèmes d’identification (notamment concernant les numéros d’inventaire, les noms des auteurs ou encore des variations de titres des œuvres) ; ceux-ci sont relevés par les régisseuses et nous permettent de mener les recherches nécessaires dans les archives du Fonds afin de les résoudre.

Pour les œuvres particulièrement fragiles, des opérations de consolidations ont été réalisées par la restauratrice Élodie Aparicio-Bentz. L’objectif est de renforcer les œuvres en vue de leur transport.

Toutes les opérations réalisées ont été documentées et archivées dans un tableur, permettant ainsi un suivi détaillé pour les prochaines étapes du chantier : le transfert dans les réserves actuelles du Fonds d’art contemporain et enfin les éventuelles interventions (restauration ou traitement) à réaliser ultérieurement.

Paul Emile RIXENS, Les jardins de Saint-Paul, huile sur toile
La pose de papier de chanvre et de méthylcellulose permet la protection des soulèvements de la couche picturale

Le rapatriement dans les réserves

Le transfert des 250 œuvres a eu lieu en décembre 2023, sur deux jours.

Les techniciens de la société ESI assurent la manutention ainsi que le transport des œuvres, des locaux situés à Ivry-sur-Seine jusque dans les rayonnages des réserves actuelles du Fonds, au Nord de Paris. Chaque œuvre est pointée puis mise en caisse. À son arrivée, un nouveau pointage est effectué puis s’en suit une phase de mise à jour des localisations des œuvres sur la base de données.

Le pointage et la mise en caisse des œuvres
Certaines œuvres nécessitent d'être mises à plat pour le transport

Au total, parmi les œuvres traitées, on compte :

  • 238 peintures :

    • 196 huiles sur toile

    • 36 peintures sur supports variés (bois, isorel, carton, contreplaqué, etc.)

    • 6 huiles sur toile marouflées sur supports variés

  • 12 arts graphiques de différents types : dessin, pastel, lavis et peinture sur papier

Raymond TELLIER (1897 - 1985), Peulhe de Gao, 1934, huile sur carton ©Raphaëlle Romain
Pierre VAILLANT (1878 - 1939), Le journal, huile sur toile ©Raphaëlle Romain
Auguste Louis LEYMARIÉ (1880 - 1958), Plein air à Créteil, huile sur toile ©Raphaëlle Romain
Ernestine JUBIN-SOLIÉ, Cupidon, scène galante au bord de l'eau. Projet d'éventail - Apollon et Daphné, gouache sur papier collé sur carton ©Raphaëlle Romain

Une fois le transfert réalisé, des interventions plus poussées vont pouvoir être menées sur les œuvres telles que des restaurations ou encore le traitement des biodégradations. En parallèle, les recherches sur les artistes et les œuvres de ce chantier continuent de se poursuivre afin d’enrichir la documentation de la collection. En effet, le chantier des collections est aussi une opportunité pour redécouvrir des œuvres plus anciennes de la collection !

Afin de traiter les œuvres présentant des infestations, le restaurateur Alain Renard a créé des poches d'anoxie
Le processus de réalisation d'une poche d'anoxie

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