L'Orient des artistes voyageuses
22 octobre 2024En quête d’évasion pour l'automne ? Rendez-vous au Musée de l’Abbaye à Saint-Claude dans le Jura pour l’exposition « L'Orient des artistes voyageuses 1894-1944 », à découvrir jusqu'au 5 janvier 2025. Trois œuvres de la collection du Fonds d’art contemporain – Paris collections y sont présentées pour la toute première fois.
Placée sous le commissariat scientifique d'Arielle Pelenc, l'exposition "L'Orient des artistes voyageuses 1894-194" est présentée du 28 juin 2024 au 5 janvier 2025 au Musée de l'Abbaye / Donations Guy Bardone - René Genis.
© Florence Daudé © Marie Anne Nivouliès de Pierrefort / Fonds d’art contemporain – Paris Collections
Après le parcours thématique en ligne « Hier reconnues, aujourd’hui oubliées » consacré aux artistes femmes de la collection du Fonds d'art contemporain - Paris Collections, l’exposition « L'Orient des artistes voyageuses 1894-1944 » permet de partir à leur rencontre.
Organisée par le Musée de l'Abbaye / Donations Guy Bardone - René Genis, cette exposition rend hommage à la peintre orientaliste Marie Nivouliès (1879-1968) et autour d’elle, à toute une génération de femmes peintres qui ont bénéficié de bourses de voyages.
Très répandues au début du XXe siècle, ces récompenses délivrées par l’État ou par des associations comme la Société coloniale des artistes français (SCAF), permettaient aux artistes de parfaire leur formation hors de l’hexagone, et notamment dans les territoires de l’Empire colonial français. Ainsi Marie Nivouliès se rend à Tunis en 1910 avant de s’installer définitivement au Brésil en 1938, Marguerite Delorme explore le Maroc en 1921 et Monique Cras parcourt le Maghreb en 1937.
La Ville de Paris a acquis un certain nombre de toiles issues de cette production « coloniale », dont trois sont actuellement visibles au musée de l’Abbaye.
C’est une sortie exceptionnelle pour ces œuvres qui n’ont jamais été montrées au grand public depuis leur entrée dans la collection municipale entre les années 1930 et 1950. Alors pour se préparer à cet évènement, une remise en état de présentation et toute une série d'examens s’imposent !
Au programme :
Mise en beauté : restauration, encadrement et numérisation
Tout d'abord, les œuvres de Marguerite Delorme et de Marie Nivouliès ont bénéficié des soins d'une conservatrice-restauratrice du patrimoine spécialisée dans le traitement des peintures.
En effet, les deux toiles présentaient un état de conservation très moyen dû à la dégradation naturelle des matériaux. Des craquelures pouvaient s'observer sur l'ensemble des couches picturales tandis qu'en surface, les vernis avaient laissé place à un voile jaunâtre. Des facteurs exogènes étaient également en cause, notamment des conditions de stockage et de manipulation longtemps restées inadaptées, entraînant un encrassement généralisé, des déchirures et des déformations des supports.
Par un minutieux travail de décrassage et de consolidation, la restauration a donc permis de stabiliser l'état de conservation des œuvres tout en restituant leur lisibilité.
Si la peinture de Marguerite Delorme se pare encore de son cadre d’origine peint par l’artiste, la toile de Marie Nivouliès, quant à elle, était à nue. Il fallait donc la doter d'un cadre à la fois idéal pour la conservation à long terme et la mise en valeur. Pour répondre à l'ensemble de ces critères, une caisse américaine est adoptée et fabriquée sur mesure par un encadreur spécialisé.
Leur éclat ainsi retrouvé, les œuvres ne sauraient quitter les réserves sans passer devant l’objectif de la photographe du Fonds d’art contemporain – Paris Collections. La séance de prises de vues se déroule dans le studio photo du FAC, sous l’œil attentif de la chargée d’inventaire informatisée des collections.
Marie Nivouliès, Marguerite Delorme et Monique Cras sont prêtes pour le grand départ !
Préparation au voyage : constats d'état et conditionnement
Quelques jours avant de quitter les réserves du Fonds d’art contemporain – Paris Collections, les œuvres sont examinées très minutieusement par la gestion scientifique des collections. Chaque altération de la couche picturale, chaque aspérité présents sur les cadres, sont détaillés dans un document appelé "constat d'état". Ce rapport sert ensuite de référence pour contrôler la bonne conservation des œuvres tout au long du voyage.
Le jour J, le conditionnement est confié à une société spécialisée dans le transport d’objets d’art. Plusieurs critères permettent de déterminer le type d'emballage à adopter, comme par exemple le format des œuvres, leur sensibilité aux variations climatiques ou encore le mode de transport et la durée du trajet.
Pour nos trois voyageuses à destination de Saint-Claude, le tamponnage renforcé était la solution la plus adaptée. En effet, cette technique d’emballage particulièrement indiquée pour les œuvres en 2D se compose de trois couches protectrices :
Une première, au contact de l’œuvre, dans un matériau chimiquement neutre qui préserve de la poussière,
Une seconde en papier bulle pour atténuer les vibrations et les changements de température ou d'hygrométrie
Une troisième dans un matériau rigide, souvent du carton, pour amortir les chocs.
Pour une protection maximale et préserver les cadres, des protège-coins en mousse ont été ajoutés aux angles.
A l’arrivée au Musée de l’Abbaye, les œuvres sont déballées et vérifiées par un constat d’état contradictoire, établi par les régisseurs du musée emprunteur. Si leur état est inchangé, elles peuvent enfin être accrochées et livrées aux regards des visiteurs.euses.
Alors si vos promenades automnales vous mènent dans le Jura, ne manquez pas cette opportunité de découvrir ces artistes voyageuses, aussi méconnues que talentueuses, avant qu’elles ne se remettent en chemin…
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