Ben retourne à l'école !
24 février 2025Le documentaire sonore Ben à l'école ! écrit et réalisé par Zineb Soulaimani offre une plongée stimulante dans le programme d'éducation artistique et culturelle Une œuvre à l'école. A travers les voix des intervenant.e.s, enfants, médiatrices et pédagogues, ce projet met en lumière les enjeux et les subtilités de la rencontre entre l'art contemporain et les élèves, dans un cadre scolaire ouvert et participatif. L'oeuvre de Benjamin Vautier, dit Ben, sert ici de point d'ancrage pour interroger la relation entre mots, images et engagement.

Séance de médiation avec les enfants de l'école élémentaire Gustave Rouanet (18ème)
© Zineb Soulaimani © Adagp, Paris
Un dispositif au service de l'éduction artistique
Depuis sa création en 2009, le programme "Une œuvre à l'école" ambitionne d'inscrire l'art dans le quotidien des établissements scolaires, de la crèche au collège.
Le documentaire met en avant le travail de médiation culturelle qui permet d'installer des œuvres originales dans les écoles.
Nathalie Rataud, coordinatrice du programme, insiste sur l'importance de cette démarche:
« Accrocher une oeuvre chaque année, c'est une façon de tisser des liens, de fédérer les équipes pédagogiques et de créer une cohésion autour d'un projet collectif »
Le processus inclut également une interaction dynamique entre enfants, enseignant.e.s et médiatrices, renforçant le dialogue et la réflexion sur le rôle de l'art dans nos vies.
La puissance des mots selon Ben
L’œuvre choisie pour ce projet, il faut se méfier des mots de Ben Vautier, résonne particulièrement dans ce contexte éducatif. A travers son écriture enfantine et ses messages énigmatiques, Ben invite à réfléchir sur le langage, ses limites et son pouvoir.
Julie Gandini, conservatrice du patrimoine et responsable du Fonds d'art contemporain - Paris Collections souligne :
Les mots, c'est la façon d'entrer en interaction avec le public. Mais ici, l'artiste écrit lui-même qu'il faut se méfier, créant une tension fertile entre l'œuvre et le spectateur.
Pour des élèves en pleine acquisition de la lecture et de l'écriture, cette thématique s'avère doublement pertinente : elle mêle simplicité apparente et profondeur philosophique.
Des métiers multiples pour une médiation réussie
Le documentaire valorise également les multiples métiers qui soutiennent le projet. Outre les métiers mobilisés au sein du Fonds d'art contemporain avec l'équipe de la gestion scientifique ou la régie des œuvres, des médiatrices culturelles, des conteuses sont parfois mobilisées pour enrichir l'expérience.
Comme l'explique Nathalie Rataud:
Ces histoires, narrées à proximité des œuvres, permettent de susciter une forme d'émulation autour de l'art, tout en stimulant l'imaginaire des enfants.
Cette collaboration multidisciplinaire montre que l'art n'est pas seulement un objet statique mais une porte ouverte sur la créativité et la participation collective.
Les enfants : acteurs et créateurs
Au cœur du programme, les enfants deviennent eux-mêmes créateurs et interprètes. Une séance les amène à concevoir leur propre cartel pour l'œuvre de Ben, mêlant ainsi réflexion et expression plastique. Une élève affirme avec enthousiasme :
L'art sert à s'amuser et à s'exprimer. c'est aussi pour nous qu'on fait de l'art!
Ces activités participatives culminent souvent - en fin d'année scolaire - dans des restitutions publiques, sous forme d'expositions où les enfants, fiers de leurs réalisations, jouent les médiateurs pour leurs parents.


Le cartel de l'œuvre fait par les élèves
Les élèves de CE1 de l'école Rouanet (18è) sont fiers de vous présenter ce projet collaboratif, fruit de leur travail en classe avec leur professeure d’arts plastiques, Bénédicte Delaroche.
Un espace pour repenser l'écriture et l'engagement
Le documentaire explore aussi des approches innovantes autour de l'écriture. Bénédicte Delaroche, professeur d'arts plastiques à l'école Gustave Rouanet - partenaire du projet - détaille les ateliers à venir:
Nous allons fabriquer des objets volumineux et contraignants pour déformer le geste d'écriture ou encore coudre des mots sur des tissus, comme une forme de revendication artistique.
Ces ateliers, loin d'une pratique appliquée, ouvrent une réflexion sur l'art comme outil d'engagement et de transformation.
L'art comme vecteur de liberté et de poésie
Ce documentaire rappelle la conviction de Ben que l'art peut émerger des objets du quotidien, porteur d'une poésie qui nous entoure. Un enfant remarque à juste titre:
Je trouve que le style de Ben ressemble un peu au graffiti, parce qu'il écrit partout, sans vandaliser. c'est une belle façon de faire de l'art pour tout le monde.
Cette idée résonne profondément avec la démarche pédagogique, qui cherche à démocratiser l'accès à l'art et à libérer les élèves de leurs cadres habituels.
Un modèle inspirant pour l'éduction artistique
Ben retourne à l'école! ne se contente pas de documenter un programme éducatif: il témoigne d'une alchimie entre art, pédagogie et engagement collectif. ce modèle pourrait inspirer d'autres initiatives visant à inscrire l'art dans le quotidien, à l'école comme ailleurs.
Car, comme l'exprime si bien Julie Gandini :
L'écriture peut être une forme d'art à part entière, une façon de déplacer les cadres et de redéfinir notre rapport au monde.
Ce documentaire est une ode au pouvoir transformateur de l'art, montrant qu'une simple phrase, comme celle de Ben, peut devenir une porte d'entrée vers des horizons inexplorés.
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