Une œuvre à l'école - 14e

Retour d'expérience de Safia Loucif, médiatrice culturelle

01 juillet 2019

Safia Loucif a mené des ateliers de médiation à l'école maternelle Maurice Ripoche autour de l’œuvre Sunflower de Franck Scurti.

Restitution des travaux des élèves

Restitution des travaux des élèves

Ville de Paris

Lorsque j’ai pris connaissance de l’œuvre autour de laquelle j’allais travailler avec les élèves de l’école Maternelle Ripoche, j’ai eu quelques réserves. Sunflower de Franck Scurti est un parapluie trouvé par l’artiste et déformé puis fixé sur une grille de métal pour évoquer un tournesol. Il s’inscrit dans la tradition du Ready-made et des questionnements autour des limites de l’art. Ces très jeunes enfants allaient-ils être capables d’aborder de tels concepts ?

J’ai été rassurée dès ma première intervention dans l’établissement lors des présentations de l’œuvre dans les différentes classes. Les enfants se sont alors montrés très enthousiastes, curieux et intéressés. J’ai pu travailler avec tous les niveaux, de la petite à la grande section, et les élèves n’ont cessé de me surprendre par leur ingéniosité et leur vivacité d’esprit. J’ai consacré la première journée d'intervention à une présentation de l’œuvre suivie d’une discussion avec les enfants concernant le mode de restitution à adopter. Un projet différent a été ainsi décidé pour chacune des classes. Avec Madame Henni, la directrice, nous avons convenu qu’il y aurait ainsi un projet collectif par classe et un projet individuel par enfant.

Élèves de moyenne section de la classe 4 en train de travailler à la conception d’un bateau ready-made conçu à partir d’objets de récupération. Fin de 2ème séance Ville de Paris

La suite de mes interventions a été consacrée à suivre les projets et à superviser les ateliers de créations. J'ai expliqué le Ready-made aux enfants comme une forme de recyclage permettant de changer l’apparence, le sens et la fonction d’un objet. En poursuivant cette idée, j’ai adapté le mythe grec de Clytie – l’une des Métamorphoses d’Ovide qui a pour sujet le tournesol – en conte et l’ai raconté aux enfants. L’idée de métamorphose a très bien été assimilée tout comme le parallèle avec la pratique du Ready-made.

Supports visuels dessinés sur le tableau de classe pour aider les enfants à reconnaitre les différents personnages de l’adaptation en conte du mythe de Clytie (Les métamorphoses, Ovide) Ville de Paris

Après ces premières séances introductives, j’ai débuté les ateliers créatifs. Les élèves de petite section de la classe 1 ont travaillé avec des bouchons de liège. Ils ont réalisé en groupe des trains dont les wagons ont été fabriqué avec les bouchons. Chaque enfant a donc eu pour projet individuel de peindre son wagon et l'assemblage du train a constitué leur production collective.

Dans la classe 2, la maîtresse avait déjà initié une collecte de bouchons plastiques qui ont servi à représenter diverses essences de fleurs que les enfants savaient reconnaître. Leurs fleurs en bouchon furent placées sur des cadres en papier pour rappeler l’œuvre de Franck Scurti. La classe a ensuite réalisé une grosse fleur en bouchon en tant que projet de groupe.

Fleurs en bouchons réalisées comme œuvres individuelles Ville de Paris
Train fabriqué avec des bouchons de liège Ville de Paris

La classe 3 avait la spécificité d’être une « classe d’eau ». L’enseignante souhaitait mettre à profit le projet du FMAC à l’école pour développer ce thème. Les enfants ont donc produit des crocodiles à l’aide de pinces à linge pour que leurs Ready-mades soient en lien avec leur visite à l’aquarium. Lors de la restitution pour les parents à la fin de l'année, les crocodiles ont été présentés sur de grandes feuilles bleues pour évoquer leur environnement naturel. Deux panneaux peints en bleu et décorés de poissons par les enfants furent intégrés au dispositif d"exposition pour prolonger l'espace. Pour leur projet collectif, ils ont créé un bouquet de fleurs avec des éléments trouvés en classe et l’ont placé dans un vase en boite de mouchoirs.

« Bouquet de fleurs » réalisé comme oeuvre collective Ville de Paris
Crocodiles en pinces à linge réalisés comme œuvres individuelles Ville de Paris
Crocodiles en pinces à linge réalisés comme œuvres individuelles Ville de Paris

La classe 4 s’est servi d’objets de récupération et de matériels trouvés dans la salle de classe pour construire un bateau pirate, en lien avec une histoire lue par la maîtresse. A côté de ce projet collectif chaque enfant a décoré un pot en verre avec une fleur en papier qu’il a fabriqué. Chacun des pots contient une véritable plante que les enfants ont fait pousser.

Bateau pirate, projet collectif Ville de Paris

La classe 5 – regroupant les enfants les plus âgés – a réalisé un hippopotame à l’aide de différents objets de récupération apportés et peints par les enfants (sacs à dos, boites de céréales, quilles en plastique, brosse à cheveux…). Chacun d’eux a également créé un dessin à partir d’un étui à lentilles préalablement collé sur une feuille.

Panneaux décorés de poissons et crocodiles de la classe 3 et hippopotame en objets de récupération de la classe 5 lors de la restitution Ville de Paris
Dessins à partir d'étuis à lentilles Ville de Paris

L’implication des enfants dans la réalisation des différents travaux et leurs questionnements autour de l’œuvre m’ont grandement impressionné. Tous n’avaient pas la même dextérité mais ils ont toujours été volontaires et appliqués ce qui a fait de mes interventions des journées très agréables que j’attendais avec impatience.

Cette expérience dans l’école maternelle Maurice Ripoche m’a énormément apporté sur le plan professionnel comme humain. J’ai pu créer et développer des projets très divers avec le public si particulier que sont les jeunes enfants. Auprès d’eux, j’ai appris à adapter mon discours à leurs connaissances, leur curiosité et parfois aussi leur tendance à se disperser ! J’ai également appris à travailler au sein d’une équipe pédagogique dans les meilleures circonstances car les institutrices m’ont beaucoup épaulée et se sont montrées très solidaires et bienveillantes. Les ATSEM de l’école m’ont également beaucoup aidée, notamment dans l’encadrement des enfants lors des ateliers. Toute l’école a accueilli le projet avec un très grand enthousiasme et il semble avoir été profitable à tous.

La restitution des travaux des élèves le 13 juin fut un franc succès et la nature des travaux des différentes classes a permis de les exposer ensemble pour former un tout à la fois divers et cohérent.

Restitution des travaux d'élèves

Ville de Paris
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