Le récolement du tribunal administratif de Paris

Les dépôts d’œuvres dans les locaux administratifs

Le Fonds détient environ 23 400 œuvres acquises depuis 1816 jusqu’à aujourd’hui, dont environ 8 400 sont en dépôt dans plus de 600 lieux à Paris.

En effet, pendant plusieurs décennies, les collections ont fait l’objet de nombreux dépôts dans des locaux administratifs, pour décorer l’Hôtel de Ville, les mairies d’arrondissement, les bureaux de l’administration, mais aussi d'autres institutions parisiennes, comme le tribunal administratif de Paris.

Le pré-récolement : une préparation rigoureuse

Avant de lancer cette opération, l’équipe en charge du récolement a effectué un travail de recherche approfondi, en croisant les archives papier avec l’inventaire informatisé.

À l’issue de cette enquête, une liste de 70 œuvres en dépôt au tribunal administratif de Paris a été constituée.

Une prise de contact avec Sylvain Royou régisseur du tribunal a permis de fixer les dates des 24 et 25 juin 2024 pour l’opération de récolement.

Le récolement : deux jours d’investigations fructueuses

Durant ces deux journées d’intervention, l’équipe de récolement a minutieusement exploré l’ensemble du tribunal, des combles aux sous-sols, pour localiser les œuvres déposées. Cet ancien hôtel particulier comprend environ 200 bureaux qui ont tous été visités. Grâce à la collaboration avec le personnel du tribunal, 41 œuvres ont été retrouvées.

Parmi elles, une quinzaine étaient localisées dans les combles, tandis que les autres étaient réparties dans les bureaux.

Ce corpus varié comprenait des peintures à l’huile, des vases en céramique, des estampes, ou encore un très beau surtout de table en biscuit de Sèvres (voir photo ci-dessous)

Pour les œuvres non trouvées, l'équipe de récolement poursuit ses recherches en collaboration avec les personnels du tribunal administratif de Paris.

Le retour en réserves : une nouvelle vie pour les œuvres

Le 25 juin, les 41 œuvres retrouvées ont été rapatriées dans les réserves du Fonds d’art contemporain.

Après plusieurs années de mise en dépôt, ces œuvres nécessitaient une prise en charge adéquate afin d’améliorer leurs conditions de conservation.

Les équipes de la régie et du récolement ont uni leurs forces pour conditionner et transporter ces œuvres en toute sécurité vers les réserves du Fonds.

Le chantier de dépoussiérage : une étape essentielle

De retour dans les réserves, les œuvres ont fait l'objet d'un dépoussiérage minutieux.Cette étape a permis d’évaluer l’état de conservation de chaque pièce, d’identifier celles nécessitant des restaurations plus poussées et de déterminer des conditionnements spécifiques.

Désormais, ces œuvres bénéficient de meilleures conditions de conservation, assurant ainsi la préservation de leur intégrité.

Le post-récolement : redécouverte d’artistes méconnu.e.s

Au-delà de la préservation, cette mission de récolement a offert l’opportunité de redécouvrir la richesse et la diversité de la collection municipale.

Plusieurs œuvres retrouvées ont ainsi permis de remettre en lumière des artistes quelque peu oubliés, tels qu’Antoine Guillemet [1] figure des avants-gardes de la fin du XIXe et proche de Paul Cézanne.

Citons également Ivana Lemaitre, artiste russe ayant fui la révolution bolchévique pour s'installer à Paris, où elle réalisa notamment des fresques monumentales comme celle au salon d’Asie du Palais de la Porte Dorée, co-réalisée avec son mari André-Hubert Lemaitre.[2]

Parmi les redécouvertes, des estampes de Germaine Lacaze [3], figure de la deuxième génération de l’École de Paris, ou encore des œuvres du sculpteur français Louis Derbré [4].

Enfin on peut citer également la redécouverte du surtout de table "Le triomphe de Bacchus" en biscuit de Sèvres, d'après un modèle de 1773 du sculpteur officiel du roi et directeur de l’atelier de sculpture de la manufacture de Sèvres, Louis-Simon Boizot (1743-1809). Cette réédition qui date probablement du début du XXe siècle représente le dieu Bacchus entouré de deux bacchantes ainsi que de petits amours et d'une lionne.

En combinant des méthodes de recherche préalables et d’investigation sur le terrain, le récolement permet non seulement d'assurer le suivi rigoureux des œuvres d'art, mais aussi d’évaluer leur état de conservation, d’identifier les besoins en restauration et d'améliorer leur gestion à long terme.

Ce travail contribue aussi à une meilleure connaissance du patrimoine artistique parisien et permet de redécouvrir certaines parties de la collection.

[1] Lair Samuel. “Corbière et les peintres : esquisse d’un état des lieux.” Revue d’Histoire Littéraire de La France, vol. 118, no. 1, 2018, pp. 17–24. [En ligne]. Disponible sur : http://www.jstor.org/stable/26368943

[2] Palais de la Porte Dorée. André et Ivanna Lemaître. [En ligne]. Disponible sur : André et Ivanna Lemaître | Monument du Palais de la Porte dorée (palais-portedoree.fr)

[3] Germaine Lacaze. Germaine Lacaze, une peintre de l’Arcadie moderne. [En ligne]. Disponible sur : Bibliographie – Lacaze (germainelacaze.fr).

[4] Schuhl P.-M. “Un Sculpteur : Louis Derbré.” Revue Philosophique de La France et de l’Étranger, vol. 163, 1973, pp. 498–99. [En ligne]. Disponible sur : http://www.jstor.org/stable/41094953.