De l’art pour les tout.es-petit.es ! (Partie 2/3)
30 septembre 2024Entre ateliers en crèche, pour son programme Une œuvre à l’école, et mise en place de journées de formation sur le thème de la médiation et de la petite enfance, le Fonds d’art contemporain – Paris Collections multiplie les interventions à destination des 0-3 ans. Mais, quels types d'ateliers mettre en place pour de si jeunes enfants ?
L'éveil des enfants se poursuit, de l’œuvre aux ateliers !
Mettre la main à la pâte : Les ateliers
Sur quoi peut-on s’appuyer pour réaliser des ateliers avec les tout.es-petit.es?
Entre zéro et trois ans, les enfants sont encore dans un âge où iels découvrent beaucoup de choses pour la première fois. L’idée est donc de réaliser avec iels des activités d’éveil qui vont leur permettre d’explorer de nouvelles sensations et de nouveaux gestes, d’exercer leur motricité et de développer leur autonomie. Les enfants appréhendent le monde avec des référents qui leur sont familiers (la famille, les gestes du quotidien, etc.) et à travers une catégorisation encore très générique.
Plastiquement, les très jeunes ne seront pas en mesure de dessiner un objet précis. Toutefois, iels peuvent reproduire des gestes simples et utiliser divers outils. Iels ont l’habitude de faire de la peinture, du collage et d’explorer différentes matières (sable, terre, papier, eau, pâte à sel, etc.). Même tout.es petit.es, l’individualité des enfants ressort véritablement dans leurs réalisations puisque certain.es vont travailler dans la minutie, ou dans le mouvement et d’autres encore dans la simplicité du geste ou au contraire dans son excès. Lorsque nous travaillons avec iels, le processus importe donc plus que le rendu final.
Les ateliers plastiques
Retour d’expérience d’Inès Gab Alla, médiatrice culturelle stagiaire au Fonds d’art contemporain – Paris collections, sur les ateliers menés à la crèche Politzer (12e)
J’ai co-construit six ateliers d’éveil artistique avec l’éducatrice de jeunes enfants Maïté Bachoc et l’auxiliaire de puériculture Marie-Laure Lopez autour du tableau, Sylvestre, de Maude Maris. Ces ateliers portaient sur le processus de création de l’œuvre à travers plusieurs thématiques : la temporalité, les couleurs, la construction et la lumière.
Atelier glaçons
Lors du premier atelier, nous avons exploré la notion de temporalité avec les enfants. Il s’agit d’un défi, car les tout.es-petit.es n’ont pas tellement conscience du passage du temps. Pour le leur faire comprendre, nous leur avons proposé de peindre avec des glaçons colorés aux colorants alimentaires. A mon grand étonnement, les enfants ont tous.tes utilisé les glaçons de manières différentes pour peindre : Nélia a pris deux glaçons et les a fait bouger sur sa page, Youssouf a emprunté les glaçons de ses camarades avant de les déposer sur sa feuille et d’attendre qu’ils fondent sans plus les toucher, Mohamed, lui, a surtout été surpris par leur température, d’autres encore ont essayé de les manger.
Atelier Peinture
Pour l’atelier suivant, nous nous sommes intéressées aux couleurs. Les enfants ont peint sur de petites toiles de format A4 avec des pinceaux et de la peinture à vitre qui reprenait les couleurs de l’œuvre de Maude Maris. Cette peinture est particulière. Quand elle sèche, elle a un rendu de glacis qui rappelle la brillance des éléments du tableau. Maher et Isaac ont choisi de mélanger toutes les couleurs sur leurs toiles. Dior-Hawa, elle, a uniquement utilisé du bleu. Elle s’est aussi servie du pied de la coupelle qui contenait la peinture pour produire des empreintes de cercle sur son dessin. Léonore, enfin, a préféré m’imiter en reproduisant mes coups de pinceaux en touche.
Atelier construction de galets
L’atelier sur le thème de la construction s’est divisé en deux temps. Lors d’une première séance, les enfants ont réalisé des galets de plâtre en les coulant dans des gobelets en plastique pour imiter le socle de la sculpture peinte dans Sylvestre. Le processus était simple et iels l’ont rapidement assimilé et exécuté.
La séance suivante, iels ont ainsi pu jouer avec leurs galets de plâtre. L’objectif était de les guider vers la réalisation d’un empilement, à l’image des différents éléments de l’œuvre. Pour y arriver, iels avaient à leur disposition des personnages Playmobil, des figurines d’animaux et des planchettes de Kapla. Durant cette activité, je me suis rendue compte que les tout.es-petit.es juxtaposaient les galets assez instinctivement. Pour qu’iels intègrent les autres jouets, par contre, il a fallu imaginer avec iels des petites saynètes : une figurine qui fait du toboggan ou encore un animal blessé sur une colline.
Atelier lumières
Pour le dernier atelier, nous avons travaillé autour de la lumière. L’enjeu était double : montrer aux enfants les changements d’intensité lumineuse et leur faire découvrir leur ombre. Pour cela, nous avons projeté un écran de lumière sur un mur, puis nous avons joué avec en l’altérant avec plusieurs filtres de couleurs.
Cette activité a très bien fonctionné avec les petit.es de moins de 18 mois. Joséphine, par exemple, a joué avec son ombre en s’amusant à se cacher hors du champ de lumière avant d’y réapparaitre. De leur côté, les plus grand.e.s ont eu besoin d’un temps d’adaptation pour comprendre et s’investir dans l’atelier. Certain.es se sont ainsi mis.es à sauter, à s’étendre parterre et à courir devant la projection tandis que d’autres, intrigué.es, sont resté.es plus immobiles et ont simplement préféré observer leurs ombres.
Les ateliers motricité
Retour d’expérience de Nausicaa Laverny, médiatrice culturelle stagiaire au Fonds d’art contemporain – Paris collections, à la crèche Dunkerque (9e)
Si les ateliers plastiques sont toujours très populaires avec les tout.es-petit.es, à la crèche Dunkerque (9e), sur la demande de la directrice, Nathalie Jarousseau, j’ai mis en place plusieurs ateliers tournés autour du jeu et de la motricité. Ceux-ci ont été imaginés à partir de l’œuvre Pain Birds de Corentin Canesson avec l’assistance de l’éducatrice jeunes enfants (EJE), Sandrine Courbet.
Atelier masques
Le tableau prêté cette année dans la crèche, représente un grand oiseau à l’air un peu gauche. Qu’à cela ne tienne, nous parlerons donc de bêtes à plumes avec les enfants ! Après tout, tous.tes savent reconnaitre un oiseau et la plupart connaissent déjà les poules, les hiboux et les canards, au travers des comptines qu’on leur chante depuis qu’ils sont né.es.
Quoi donc de plus amusant que de se glisser soi-même dans la peau de ces animaux et d’imiter leurs différents cris. Pour cela, il n’y a qu’à enfiler un masque ! Les enfants comprennent rapidement qu’un masque se porte sur le visage, mais c’est difficile de le placer dans le bon sens. Iels admirent le joli côté et le positionne donc face à eux.elles pour pouvoir le voir. Il faut un petit temps, et surtout bien observer ses camarades, pour s’apercevoir que portés correctement, le masque permet de changer d’apparence.
Atelier Nid d'oiseau
Grâce à Sandrine Courbet, j’ai découvert les initiatives à destination des tout.e-petit.es proposées par le projet espagnol Creacultura. Aiguillée par leur approche créative, ludique et inclusive des activités pour la petite enfance, j’ai voulu proposer un atelier « Dans un nid d’oiseau ». L’idée était d’installer toute une toile de fils de laine et de blocs de construction en mousse pour simuler un nid dans l’une des salles de la crèche. Les enfants n’ont ensuite plus eu qu’à explorer leur nouvel environnement en rampant, escaladant et se contorsionnant.
Certain.es ont ainsi fait montre d’une grande agilité tandis que d’autres, à l’inverse, ont peiné à se déplacer au milieu des fils. Une fois tout emmêlé.es, quelques un.es se sont très vite frustré.es tandis que d’autres ont tranquillement poursuivi leur exploration en restant entortillé.es. Avec les auxiliaires, EJE et puéricultrices, nous avons également proposé aux enfants de jouer directement avec les pelotes de laine, soit comme s’il s’agissait de ballons, soit en les encourageant à ajouter des fils dans le nid.
Atelier jeux
Pour l’atelier suivant, j’ai voulu proposer une activité qui regrouperait plein de petits jeux, à la manière d’une kermesse. Le premier a ainsi consisté en un puzzle de Pain Birds où les enfants avaient pour mission de reconstituer l’oiseau en replaçant les différentes parties de son corps – bec, aile, queue, tête, cou, pattes – sur un modèle imprimé. Au début, iels on eut besoin d’être guidé.es pour pouvoir compléter le puzzle mais, petit à petit après plusieurs répétitions, iels y sont parvenu.es d’eux.elles-mêmes.
Pour le deuxième jeu, j’ai réalisé un memory des animaux à partir des œuvres présentes dans les collections du Fonds d’art contemporain. L’activité a assez bien fonctionné avec les grand.e.s qui ont rapidement compris qu’il leur fallait réunir des paires. Pour les plus jeunes, cela a été autrement compliqué. Un loto aurait certainement mieux fonctionné. Iels se sont toutefois amusé.es à collecter le plus d’animaux possibles et étaient fier.es d’annoncer leurs découvertes à chaque fois qu’iels soulevaient une nouvelle tuile.
Enfin, Sandrine Courbet a imaginé le dernier jeu : un cache-cache des animaux dans un bac à sable. Les règles sont simples : parmi un set de figurines d’animaux, en sélectionner une – l’oie, par exemple –, et demander aux enfants de fermer les yeux. Pendant qu’iels ne regardent pas, enterrer toutes les bêtes sous le sable. Donner le top départ et le.la premier.e à retrouver l’oiseau a gagné ! Petit.e.s et grand.e.s ont adoré cette chasse au jouet et son aspect course contre la montre. Iels ne voulaient plus s’arrêter.
Atelier histoire participative
Enfin, pour clôturer mes interventions à la crèche, j’ai voulu inviter les enfants à participer aux histoires que je leur raconte à chaque début d’atelier. Ce coup-ci, pas question d’être la seule à faire les voix et les grimaces, iles aussi vont devoir mettre la main à la pâte! Aujourd’hui, tout le monde va jouer Petit Oiseau en suivant les indications du récit. Si Petit Oiseau apprend à voler, alors tout le monde bat des bras et s’envole en sautant. Si Petit Oiseau s’endort, alors tout le monde ferme les yeux et se met à ronfler.
Les enfants se sont véritablement pris au jeu, surtout lorsqu’iels ont pu réellement décoller quand je les ai porté.es. L’activité leur a tellement plus, qu’iels ne voulaient plus s’arrêter et se remettaient à faire semblant de dormir, encore et encore, pour que le chat continue de les pourchasser !
Scénario de l'histoire participative : Petit Oiseau
D'après l’œuvre Pain Birds de Corentin Canesson pdf (1Mo)Les œuvres en question
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