De l’art pour les tout.es-petit.es ! (Partie 1/3)

Les bébés ça ne regarde pas le monde comme les adultes. Impossible de leur tenir des discours académiques sur l’histoire de l’art ou d’aborder des questions de composition, de perspective et de théorie de la couleur. Quel est donc l’intérêt d’installer des œuvres en crèches ? Peut-être que l’art n’a pas systématiquement besoin d’être expliqué. Peut-être peut-il simplement servir de tremplin à la découverte du monde, à l’éveil artistique et au développement de l’imagination.

Une œuvre d’art contemporain, c’est avant tout une image, un objet et une expérience. Il existe donc mille et une façon de l’introduire aux tout.es-petit.es. La plus évidente est peut-être d’en faire une lecture littérale en y dégageant une thématique. Si l’artiste a représenté une fleur, on parlera aux enfants de plante, de nature, de printemps et de jardin. S’iel a proposé quelque chose d’abstrait, on explorera les émotions, les formes, les couleurs et les gestes. Les enfants sont familier.es de ces notions qui leur évoquent quelque chose de compréhensible et reconnaissable. Pour apprendre à découvrir une œuvre, il n’y alors plus qu’à lui donner vie à travers des histoires, des comptines ou des interludes musicaux, par exemple.

Regarder l’œuvre : Les livres

Interactifs, pop-up, en relief ou sensoriels, les livres à destination des 0-3 ans foisonnent. Il y en a pour tous les goûts et toutes les œuvres ! A la crèche d’Estrées (7e), où sont accrochées Les Obsidionales de Julien Audebert, les médiatrices du Fonds d’art contemporain – Paris Collections aiment établir des petits rituels en début d’intervention. Afin d’évoquer les fleurs peintes par l’artiste, et de faire passer en douceur les enfants vers le temps d’atelier, elles apportent toujours avec elles de petites histoires. Un jour elles retracent les péripéties d’une chenille qui devient papillon et, un autre, elles entrainent tout le monde dans une partie de cache-cache au fond d’un jardin.

Regarder l’œuvre : Les conteuses

Qui de mieux placé pour faire parler les œuvres que des conteuses ? Entre réel et imaginaires, elles s’approprient sculptures, peintures, installations et photographies pour élaborer toutes sortes de récits merveilleux. Elles tissent les mots, les colorent de leurs voix et effacent la distance entre œuvres et enfants. Quand les conteuses racontent, l’art prend vie !

La conteuse Maïa Wagner a ainsi transporté les enfants, familles et professionnel.les de la crèche Politzer (12e) dans une incroyable aventure autour du tableau Sylvestre de Maude Maris.

« Toc toc toc… Qu’est-ce qu’il y a derrière cette porte qui n’est pas fermée à clef ? » demande-t-elle. « C’est la réserve des jouets cassés ! ».

Elle retrace alors l’histoire de la grosse tête de poupée, de l’ours polaire antique, du bâton de sorcière, de la pierre d’un pilier doré de château fort et de la gazelle couleur baleine qui constitue la peinture. Maïa joue sur les répétitions de mots, et de sons, et rythme sa narration de comptines et de bulles de savon. Tous et toutes sont happés par son récit, si drôle et si vivant.

Maya Wagner conte Sylvestre de Maude Maris