Une œuvre à l'école

Trois ateliers de dessin pleins d'énergie !

21 juin 2023

Dans le cadre du Printemps du dessin, cette pratique artistique est mise à l’honneur dans trois écoles parisiennes. Sur invitation du Fonds, les artistes Naji Kamouche, Marie Losier et Claire Trotignon ont réalisé des ateliers avec les élèves.

Atelier monotypes avec Marie Losier

Atelier monotypes avec Marie Losier

Naji Kamouche à l'école élémentaire Cavé (18e)

Depuis novembre, les élèves de l'école ont tout le loisir d'admirer l’œuvre intitulée Pensées géographiques (2008) acquise par le Fonds d’art contemporain – Paris Collections et prêtée dans le cadre d‘Une œuvre à l’école.

Le 9 mai, l’artiste Naji Kamouche s’y est rendu pour un temps d’échanges avec deux classes de CP des enseignant.e.s Mathieu Salomon et Ludivine Racinet.

L’artiste a d’abord projeté des anciennes productions, dont une installation réalisée à partir de tapis enroulés et suspendus intitulée À bas les cieux (2008).

Ensuite, l’atelier dessin a consisté en une libre interprétation du travail de l’artiste. Sur une feuille de papier blanc de format A4, les enfants ont tracé le contour de leurs mains au crayon noir. Ensuite, en observant leurs paumes, les élèves de CP ont reproduit les courbes de lignes de vie, cette fois-ci avec des crayons de couleurs. Pour finir, ils et elles ont imaginé un nom pour ces traits colorés. « Comment peut-on appeler ces lignes ? », a demandé l’enseignant. « Le fil des émotions ! », a répondu un enfant.

« Des fois on peut être joyeux, triste ou en colère »

Egon, élève de CP

L’une des enfants, très appliquée, a décidé d’écrire le prénom de sa sœur et de sa mère sur son dessin. D’autres ont imaginé des noms de fleurs ou encore d’animaux: tout est permis !

Pour clore cette intervention à l’école, Naji Kamouche a participé à une interview pour la radio de l’école, radio Cavé ! « Pourquoi un pays en forme de main ? »  « Comment devient-on artiste ? ». L’artiste répond qu’il a été dans ces villes mais que parfois, pour certaines personnes, les déplacements sont obligés. Il a beaucoup apprécié que les enfants remarquent que son travail fasse référence à la carte du Tendre.

Cette rencontre artistique a été partagée avec l’adjointe à la Maire en chargé de la culture et de la ville du quart d'heure, Carine Rolland et Eric Lejoindre, maire du 18e, venu.e.s pour l’occasion et accueilli.e.s par le directeur de l’établissement, Jérôme Boulaud. 

Maris Losier à l’école élémentaire des Pyrénées (20e)

Le 22 mai, la vidéaste et plasticienne est intervenue à l’école élémentaire des Pyrénées, qui participe pour la première année au programme Une œuvre à l’école en accueillant l’œuvre Simon, Camille, Victor et Jeanne (2018).

La rencontre a commencé par un atelier dessiné d’apprentissage à la technique du monotype autour de cette série sur les ami.e.s. L’artiste avait demandé aux enfants de ramener pour l’occasion un objet qui leur tient à cœur.

Après s’être présentée, Marie Losier a expliqué les consignes de l’atelier, mené dans la salle d’arts plastiques du professeur de la ville de Paris Eric Fourmestraux. Avec beaucoup de pédagogie, l'artiste a proposé à la classe de CE1A, de l’enseignante Nina Sohn, de s’amuser à faire le portrait de leur copain ou copine sur une plaque de plexiglass. Les enfants ont posé à tour de rôle devant l’objet précieux. La plaque de plexiglass, de format A3, a d’abord été enduite d’encre noire à base d’eau puis recouverte par une feuille de papier de même format. Ensuite, chaque enfant s’est servi d’une baguette chinoise biseautée en son bout pour dessiner le portrait. Le portrait pouvait être réalisé à la verticale ou à l’horizontal : au choix ! Ceux ou celles qui le souhaitaient ont pu appuyer avec leurs doigts sur la feuille pour créer des aplats de couleur. Pour donner une certaine densité au dessin, indique l’artiste.

Cette technique comporte un effet de surprise : les traits ne sont pas visibles pendant que les enfants dessinent. La séance de pose finie, les enfants ont soulevé la feuille de papier pour découvrir émerveillés leur dessin. Quel étonnement ! Que de styles différents ! Comme le dit l’artiste, cet exercice a permis de lâcher le contrôle et de se concentrer sur l’acte de regarder.

Au fur et à mesure, les dessins ont été accrochés au tableau, ce qui a permis un temps d’analyse et de commentaires sur les portraits réalisés. Certain.e.s ont tracé des traits fins, d’autres ont varié les échelles ou rempli tout l’espace de la feuille.

 

La séance finie, c’est au tour de la classe de CE1B. Comme il manquait un enfant, leur enseignante Léa Georges s’est prêtée au jeu et a pris la pose ! Des enfants se sont mis.e.s debout pour avoir davantage de liberté dans leurs mouvements.

« Tout est bizarre », dit un enfant.

« On est tous un peu bizarres ! »

Marie Losier, Artiste

Après cette joyeuse intervention, Marie Losier a proposé de discuter avec les autres classes de l’école élémentaire. Plus de 80 élèves rassemblé.e.s dans le préau ont pu regarder le diaporama préparé par l’artiste présentant d’autres de ses travaux. Les enfants ont pu découvrir la variété de son travail plastique et échanger avec elle, et en savoir plus sur sa démarche d’artiste.

Claire Trotignon à l'école élémentaire Capitaine Lagâche (17e)

Direction l’école élémentaire Capitaine Lagâche où Claire Trotignon a pu se libérer pour rencontrer des élèves le 1er juin. Son dessin NEW GYPSOTECH (2020) y est exposé. L’artiste a répondu aux questions des enfants de CE1-CE2A de l’enseignante Murielle Taillé.

« Ma passion, ce sont les gravures. Après il faut les vendre. »

Claire Trotignon, Artiste

L’artiste explique qu’en voyant ces sculptures de gypses, elle a eu envie de les représenter en dessin. Claire Trotignon commence par la réalisation d'un croquis « hyper moche »,dit-elle, avec les marches, le bâtiment, les escaliers et la perspective. Elle en fait ensuite des gravures qu'elle découpe et assemble, elle ajoute ce qu’elle appelle des « petits défauts », c’est-à-dire la réalité.

"Pourquoi autant de blanc ? C’est là où l’esprit peut se projeter ; c’est lié à la gravure où il y a une grande marge blanche.  Les ruines laissent imaginer le reste du bâtiment. » - Claire Trotignon. L’artiste explique qu’elle a créé pas moins de 450 dessins qu’elle répertorie en ce moment pour un catalogue raisonné de son travail. Elle réalise également des sculptures et des installations.

Avec leur professeur d’arts plastiques Gilles Mezade, les élèves ont pu, à la manière du travail de l’artiste, piocher dans un tas de papiers et de médiums différents que Claire Trotignon a ramené spécialement pour l’occasion. Des vieux comics, des BD, des papiers brillants holographiques, des magazines des années soixante, des vieux plans d’architecture… beaucoup de choix s'offrent aux enfants pour attaquer la phase découpage. Ils ont ensuite assemblé les images sur leur feuille de papier, placé en format paysage. Ils et elles y ont ajouté des éléments végétaux recueillis et dessiné dessus.

Au tour de la deuxième classe, les CE1- CE2B de l’enseignante Marie Carde, de poser des questions à Claire Trotignon. Elle répond que cette œuvre du Fonds fait partie d’une de ses préférées ! Elle raconte son travail de création, indiquant qu’elle apprécie beaucoup le travail artistique de Sol Lewitt (1928-2007) et confie passer parfois un mois avant de créer.

« Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir artiste ? La liberté que ça procure », répond Claire Trotignon.

L’ atelier suivant est très libre : sorti.e.s de classe, les enfants choisissent un emplacement dans le couloir. Alors qu’un élève se place debout, dos au mur, prenant la pose, l’autre trace sa silhouette à l’aide d’un crayon papier. La deuxième étape consiste à remplir cet espace de peinture gouache de couleur bleu outremer, utilisée par Claire Trotignon dans NEW GYPSOTECH, rappelant l’utilisation qu’en a faite le peintre des Nouveaux Réalistes Yves Klein (1928-1962), dans les années soixante. À la fin de la séance, une balade commentée avec Claire Trotignon permet de regarder en groupe l’ensemble des propositions artistiques, très riches. Dans les formes de leurs corps, certain.e.s voient parfois un ange, parfois un extra-terrestre !

Ces réalisations invitent à imaginer des formes, à plonger dans cette couleur très lumineuse, comme un écho à la confidence de Joan Miró (1893-1983) : « le bleu est la couleur de mes rêves ».

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