Exposition autour du portrait au Centre socio-culturel Maurice Noguès
06 juin 2025Du 6 novembre 2024 au 25 juin 2025, le centre socio-culturel expose 6 oeuvres autour du portrait. Cette thématique et les oeuvres d'art ont été choisies par Laurence Barjini, enseignante d'arts plastiques, et les participantes de l'atelier du vendredi matin. Accrochées dans la salle polyvalente et dans le hall, ces oeuvres sont présentes dans le quotidien des usagers.ères de ce centre dédié aux habitant.e.s du quartier.

Les oeuvres accrochées dans le hall
Les oeuvres exposées
Un portrait est « une image représentant un ou plusieurs êtres humains qui ont réellement existé, peinte de manière à transparaître leurs traits individuels » selon Tzvetan Todorov, essayiste, critique d'art et sémiologue français.
De face ou de profil, la thématique du portrait a largement été explorée par les artistes à travers les siècles. Il s'applique d'abord à la peinture, puis à la sculpture dès l'époque antique. L'évolution de l'art du portrait a été conditionnée par celle des techniques, du style privilégié ou de son usage.
Autoportrait - montrer sans se montrer
Comment représenter une personne, ou soi-même, d'une autre manière que par la reproduction fidéle de son visage ?
"Certains artistes jouent avec le spectateur à cache-cache. Ils se montrent sans se montrer, se défilent à notre regard, ne dévoilant d'eux que ce qu'ils veulent bien montrer. Se représenter, c’est jouer avec l’image que l’on donne de soi, avec l’image de ce que l’on prétend être. C’est aussi se montrer tel qu’on aimerait que les autres nous voient."
Laurence Barjini
On peut aussi se montrer fidèlement au travers d'éléments de son quotidien comme ses effets personnels, l'intérieur de son sac, et dévoiler ses goûts, ses passions, ses traits de caractère, ou encore se représenter dans un contexte spécifique par une posture du corps atypique. Grâce aux ateliers plastiques menés par Laurence Barjini, deux groupes de participantes explorent différentes manières de se représenter en puisant leur inspiration dans les oeuvres exposées :
Armand Jalut collecte des images d’éléments du quotidien provenant de magazines, d’affiches, de sites internet… Il cherche, à travers des compositions atypiques, à rapprocher des figures qui n’ont, a priori, rien à voir entre elles. Dans cette logique, l’œuvre exposée Strange Lights est composée de fleurs, d'un pantalon et d'un blouson, sans autre contexte que le fond fuchsia. Avant de peindre, Armand Jalut assemble via le logiciel Photoshop les divers éléments qu’il a collectés en amont lors de l'ébauche. Il peint ensuite avec minutie chaque élément sur ce fond uni. Les participantes vont donc choisir et représenter les objets les plus présents dans leur quotidien, qui définissent une part d'elles.
Charlotte Beaudry a peint Sac de fille (bleu) dans le cadre d’un travail autour de la figure de la jeune fille de 19 ans et de la séduction féminine, en référence à une scène du film Masculin, féminin de Jean-Luc Godard. Cette série de peintures en grands formats présente une vue en plongée sur des sacs à main, un objet quotidien soudain plein de mystère, qui donne envie d'en découvrir le contenu. Cette ouverture sur l’intimité est un véritable appel à l’imaginaire et titille notre curiosité. L’artiste joue sur l’échelle pour présenter l’objet d'une toute autre façon, et souligner, par cet angle nouveau, son caractère sensuel et intrigant. Grâce à la photographie, les participantes vont poser un regard nouveau sur contenu de leur propre sac, qu'elles vont ensuite "recolorer" à partir d'une reproduction imprimée.
Ce travail sur l'identité féminine va aussi inspirer ces dames avec des portraits mettant en scène leur corps dans des mouvements contraints.
Ces oeuvres ont aussi été présentées à deux groupes d'apprenants Français Langues Etrangères, qui ont assisté aux rencontres avec les artistes.
Rencontres avec les artistes
Duncan Wylie a invité les usagers.ères du centre socio-culturel Maurice Noguès à la galerie Backslash dans le Marais. Ils et elles ont pu ainsi découvrir les dernières créations de cet artiste franco-zimbabwéen. Cette exposition, qui s'est tenue du 11 janvier au 15 février 2025, rassemble des peintures incarnant l'idée d'une entité protectrice liée à l'eau, un symbole de vie et de purification dans la culture shona. L'eau est bien sûr un élément éminemment précieux et parfois rare au Zimbabwé. Ici, elle est célébrée par le biais de plusieurs images, celle du sourcier, du puits, de la piscine mais également des arbres et de leurs sources de vie. C'est donc tout naturellement que cette exposition s'institule "Mhondoro ye Myura" (l'esprit de l'eau).
Les visiteurs et visiteuses, touché.es par la disponibilité et la pédagogie de l'artiste, ont pu lui poser beaucoup de questions concernant sa technique, ses sources d'inspiration, la valeur des oeuvres dans le monde l'art actuel...


Le peintre Armand Jalut s'amuse de l'allure fantomatique des clichés de vêtements détourés, trouvés sur les sites de revente de seconde main, ou réalisés "maison" à l'aide de sa compagne. Quand les plis rencontrent les formes absentes d'un corps qui s'efface, une identité semble se révéler : celle du look, des couleurs et des matières que l'on porte pour s'affirmer, qui, peut-être, en disent déjà trop. Lors de sa rencontre avec le public, le 28 mars, l'artiste a pu faire découvrir au public sa démarche atypique, et son approche décalée du portrait. Il a pu découvrir les travaux plastiques des participantes des ateliers de Laurence Barjini, inspirés de sa toile.
Pour Charlotte Beaudry, le sac à main est avant tout un recoin personnel, intime et rassurant, dont la dimension secrète se déploie à travers sa taille monumentale. Le 11 avril, lors d'une rencontre avec les adultes, l'artiste a pu présenter en détail sa démarche. Puis l'après-midi, avec la complicité des enfants, ils et elles ont réalisé des sacs géants à partir de matériaux de récupération. Ces immenses sacs se sont vite transformés en sac-cabane, autant de refuges où se glisser, plonger, ou cacher ses trésors. Une exploration à la croisée de la maroquinerie, de la scénographie et du journal intime, qui détourne avec malice les codes de la féminité.